L'histoire contée par Mme Delion remonte au milieu du XIXème siècle.

Tout ce qui est de plus réelle, elle lui a été racontée par son père qui la tenait de son grand-père, lui-même cousin germain de Mélina, notre héroïne.

Mélina avait alors 16 ans, jolie jeune femme et fille unique. Son père Jean-Louis Boulette avait prévu de la marier avec un jeune homme de son choix, de "bonne famille" et plutôt aisée de Bouchereau leur village. Mais Mélina était tombée amoureuse d’Arthur Juillot ! Nul ne sait comment ils s’étaient rencontrés car de Bouchereau à Darvault il y a bien quinze kilomètres et à cette époque, il n’y avait que ses jambes pour parcourir une telle distance ; sauf peut-être un cheval ou un âne tirant une carriole… Non, même pas la bicyclette qui n’existait pas dans nos campagnes reculées. Toujours est-il que Mélina et Arthur voulaient se marier. Oui mais Jean-Louis son père ne voulait pas ! Vous pensez à quinze kilomètres de là, qui est ce Arthur ? qui est sa famille ? est-elle argentée au moins ? on ne savait pas ! alors qu’au hameau de Bouchereau il y avait des garçons à marier ! Et puis elle n’avait que 16 ans, rien ne pressait…

Devant l’avis négatif et forcément définitif, la pauvre Mélina en tomba malade. Sa mère Anastasie eut alors l’idée de dire que leur fille faisait la grève de la faim. Mélina disait à son père qu’elle ne voulait plus manger. En fait, elle était nourrie en cachette par sa mère quand Jean-Louis s’absentait. Néanmoins, Mélina devenait de plus en plus morose, maigrit tout de même. Pour accentuer son état déprimé, par un maquillage approprié, sa mauvaise mine montrait une santé déclinante… Alors Jean-Louis qui adorait sa fille unique finit par consentir au mariage ! Il ne sut jamais qu’il avait été dupé et que grâce à Anastasie, Mélina ne serait évidemment jamais morte de faim !